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Faut-il à tout prix "aller bien" dans la vie ?

Dernière mise à jour : 21 janv. 2021

Aller bien, s'épanouir, être heureux, être positif... sont-ils devenus des injonctions ?


Il y a peu je lisais cet article sur l'Agilité émotionnelle, très intéressant au passage, qui m'a donné envie d'apporter ma petite pierre à l'édifice sur ce sujet.

Être positif est devenu une nouvelle forme de correction morale. On dit automatiquement à ceux atteints de cancer de rester positifs. Aux femmes, d’arrêter d’être en colère. Et la liste continue. C’est une tyrannie. C’est une tyrannie de positivité. Et c’est cruel. Méchant. Et inefficace. Nous nous l’infligeons et nous l’infligeons aux autres. – Susan David

Il est vrai que les émotions négatives (tristesse, colère, peur...) qui entraînent des comportements jugés comme désagréables généralement : plaintes, pleurs, cris, conflits, quand cela ne va pas jusqu'à la violence physique sous le coup de l'émotion, sont souvent décriées.

Sans le vouloir, nous imposons trop facilement aux enfants une "répression émotionnelle" dont parle l'auteur de ce même article. "Arrête de pleurer/de crier", "ce n'est pas une raison pour te mettre en colère", "ne tape pas" etc. (le fait de taper chez un jeune enfant par ailleurs est naturel et ne devrait pas systématiquement être interdit, mais c'est un autre sujet...).

A ceci, la Psychologie positive et l'Education Positive semblent avoir remédié en proposant de nouvelles façons d'envisager la vie, de l'accueillir, de le vivre et d'élever nos enfants. On cherche à remplacer peu à peu nos affects négatifs par... du positif. Epanouissement, dialogue, écoute, CNV, expression des besoins, méthodes diverses et variées pour se rencontrer et faire le plein d'énergie positive, paroles libératrices, méditation et j'en passe...

Okay.


Et si la solution n'était pas là ? Et s'il ne s'agissait pas de réprimer ou de gérer ou d'exercer sa volonté pour aller bien mais s'il s'agissait d'accueillir ses ressentis négatifs, ses mal-êtres d'abord ?

Quand je lis tous les bons conseils dispensés par les supers livres et les blogs en tout genre pour aller bien, pour s'épanouir et profiter de la vie : j'ai le sentiment qu'on me donne les clés d'une super voiture tout confort et rapide, me garantissant une conduite parfaite, alors que je n'ai même pas passé mon permis. Une autre image serait celle d'être lancé(e) dans le grand bain alors que je n'ai pas appris à nager. Effroi garanti et surtout "je ne suis pas prête". Il me manque quelque chose pour trouver l'expérience agréable, voir y trouver du plaisir.


Qu'est-ce qu'il me manque pour y arriver ? ça a l'air si facile comme ça. Mais pourquoi je n'arrive pas à chasser tous mes soucis, tous mes blocages et à profiter de la vie ?! Hop.

Peut-être parce que la toute 1ere étape, avant de pouvoir profiter de ma vie, est d'accueillir mon ressenti, ce que je vis, le négatif, le "ça va pas" pleinement, sans jugement. La condition sine qua non pour "aller bien" c'est peut-être de m'accueillir moi-même avec mes affects négatifs et de prendre le temps de les entendre et d'y répondre. Plus je les fuis, plus ils reviennent fort parfois. Je fais l'expérience que je ne peux pas m'en débarrasser comme ça.

Mon existence n'est pas un sentiment, ma vie n'est pas un affect. Je suis bien plus que cela...

Est-ce un problème d'être déprimé ? Grognon ? Mal dans ma peau ? En souffrance ? Angoissé ? Non. C'est mon corps et mon psychisme qui m'envoient un signal. C'est comme s'ils me disaient à ce moment là :

"Ecoute-toi. Tu as quelque chose d'important à te dire. Si tu ne t'écoute pas, tu passes à côté de toi-même."

Selon moi, "aller mal" c'est ok. Dans la mesure où ça ne pèse pas trop sur mon entourage ou sur ma vie. Aller mal fait partie de la vie. Nous ne sommes pas des machines à aller bien. La crise sanitaire actuelle ne me donne pas envie d'aller bien et j'ai le droit de le dire. Mes enfants m'épuisent et je trouve la parentalité difficile à vivre, j'ai le droit de le dire ou de le penser... ;) (si seulement je m'y autorisais).


Et si ça va vraiment trop mal, je peux me faire aider et apprendre à m'écouter plus, à me prendre suffisamment en compte pour que ce mal-être se transforme et ne me pourrisse pas la vie. Même mieux, pour qu'il devienne l'occasion de grandir et d'être encore plus moi-même. J'ai de la valeur quels que soient mes affects et mon sentiment de bien-être. Le bien-être est une expérience, il n'est pas un objectif de vie, il n'est pas une identité, il peut aller et venir. Mon existence n'est pas un sentiment, ma vie n'est pas un affect. Je suis bien plus que cela...


C'est dans la mesure où j'accueille inconditionnellement la personne que je suis, avec toutes ses émotions, son histoire, son ressenti (positif ou négatif), ses blessures, que je peux être heureux(se) et ensuite seulement appliquer les principes d'une Psychologie positive, d'une Education positive ou d'autres bonnes pratiques pour construire ma vie. Les moments de hauts et de bas (surtout les bas) viennent me montrer les obstacles qui me gênent pour être vraiment moi-même, m'aimer vraiment, vivre en paix avec moi-même et mes proches. Sans ces moments-là, je n'apprendrai pas à progresser vers ce qui me rend heureux.

... s'autoriser à aller mal est un cadeau de la vie...

Je peux alors faire l'expérience que lorsque je vais mal, c'est une occasion pour me découvrir un peu plus profondément, apprivoiser la personne que je suis et m'aimer encore plus ! En bref, s'autoriser à aller mal est un cadeau de la vie... une occasion de progression et de travail sur soi nécessaire et vital.


Vous n'y croyez pas ? Venez en parler en MP. ;-)




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